Samedi 3 janvier 6 03 /01 /Jan 21:08

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Le Prince et le Pauvre

By Kalsang

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Partie I

Chapitre 02

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« Où est Andy ? » demanda Thomas alors qu’il montait dans la minuscule cinq chevaux de Franck.

Petit brun aux yeux verts ornés de profonds cernes noirs, d’une maigreur maladive et blanc comme un linge, Franck était le guitariste et leader officiel des Dark Night. C’était lui qui avait créé le groupe et “engagé” les musiciens. Parfois, il semblait à Thomas que sa seule réelle ambition dans la vie était de finir comme Sid Vicious ou Kurt Cobain.

« Il est déjà à Aix, en train de se faire bichonner par son mec, » déclara Patrick, le chanteur et leader officieux. Patrick avait quant à lui des cheveux blond, bouclés et assez courts, et était le chouchou de ces dames avec son corps parfait. Quand Franck était trop défoncé pour leader le groupe – et ça arrivait souvent – c’était lui qui en prenait naturellement la tête. C’était un jeune homme franc et calme.

Franck eut une petite grimace de dégoût.

« Y peut faire ce qu’y veut d’son cul, mais n’a pas besoin d’le savoir… déclara-t-il sèchement.

— Arrête de bouffer la moitié de tes mots, Franck, soupira le chanteur.

— Cause toujours… »

Même s’il n’en disait rien, Thomas était bien d’accord avec le guitariste. Franchement, qui ça intéressait, la vie des autres ? Sûrement pas lui…

« Et Fred ?

— À la recherche désespérée d’une basse… »

Thomas roula des yeux. On pouvait compter sur Dark Night pour manquer cruellement d’organisation, la preuve étant qu’ils s’étaient décidés à chercher un remplaçant pour Andy qu’une semaine avant le concert, et de toute évidence à chercher une basse quelques heures avant le dit concert…

Heureusement pour les Dark Night, Thomas était le remplaçant “officiel” du groupe. Il pouvait jouer à la place de n’importe qui – sauf de Patrick.

Il avait déjà rendu service à plusieurs reprises au groupe. Le plus souvent à la guitare, quand Franck était trop stone pour jouer, et une fois à la basse. Ce n’était pas la première fois qu’il remplaçait à la batterie, mais c’était en revanche bien la première fois qu’il allait jouer sans que Andy ne soit là. En principe, le garçon pouvait se retrouver au clavier (où il était encore plus doué que la batterie) quand le style du concert rendait sa présence nécessaire, et alors Thomas était à la batterie.

Andy était talentueux, et Thomas savait jouer de beaucoup trop d’instruments pour être vraiment fort sur un seul d’entre eux.

« Hé, Tom, ça fait combien de temps que t’as pas été sur scène ? » lança alors Patrick, histoire de faire la discussion, alors qu’il conduisait à vive allure sur la voie rapide (il avait refusé à Franck, encore trop à l’ouest à cause de son dernier shoot, de prendre le volant).

Thomas réfléchit un instant à la question, incertain.

« Trois mois, il me semble.

— C’était pour quoi ?

— Un concert de Jazz à Nice.

— Tu jouais de quoi ?

— Trombone. »

Franck éclata d’un rire gras et moqueur.

« Un batteur d’groupe punk qui va jouer du trombone, c’d’un ridicule ! »

Thomas ne le rejoignit pas dans son hilarité. Il aimait la musique, et il ne trouvait rien de ridicule au trombone, par conséquent il avait pris son pied et si Franck Je-Sais-Rien-Faire-D’autre-Que-Tripoter-Ma-Gratte ne le comprenait pas, il pouvait bien aller se faire mettre.

« Moi je trouve ça bien, t’es éclectique…

— Et comment t’as fait pour ta dégaine ?

— J’étais à poils, » déclara le roux d’un ton neutre.

Patrick lui adressa un sourire complice à travers le rétroviseur intérieur.

Il était très difficile d’imaginer que Thomas, qui avait toujours des jeans déchirés et sweet-shirts trop grands pour lui, avec ses cheveux roux en bataille et ses nombreux piercings aux oreilles, pouvait parfois se déguiser en type “classe”.

« À quelle heure on passe ? » continua Thomas, alors que Franck était encore en train de s’imaginer comment Thomas avait pu rester à poil devant des centaines de spectateurs.

« Vers une heure je suppose, on est dans les derniers groupes à passer mais ils veulent quand même que tout le monde soit là au début de la soirée, histoire de se réorganiser si y’a des absents. »

Thomas hocha distraitement de la tête, regardant le paysage qui défilait à toute allure sous la lumière des phares des autres voitures.


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« Tommy chou ! » cria une voix suraiguë alors que les trois musiciens quittaient le parking souterrain où ils avaient garé leur voiture – les frais leur seraient remboursés par les organisateurs – pour se diriger vers la salle de concert.

Une espèce d’énergumène vêtue d’un pantalon bleu, si moulant qu’il en devenait presque transparent, et d’une veste blanche cintrée avec de la fourrure au col ; ses cheveux blond mi-longs tombaient en larges ondulations gracieuses sur ses joues et son visage était orné d’un maquillage si parfait qu’il masquait pratiquement son œil gonflé et sa lèvre fendue ; arrivait à toute allure en direction des garçons.

« Mon poussin ! Ça me fait trop plaisir de te voir enfin ! »

L’énergumène serra Thomas d’un bras, l’autre maintenu par un bandeau contre son torse à cause de son plâtre. Car oui, l’énergumène n’était autre qu’Andy, le batteur/pianiste/homosexuel… et probablement en passe de venir transsexuel de Dark Night.

« Dire que tu n’es même pas venu me voir à l’hôpital, j’étais siiiii triste.

— Et te voir tout contusionné, en pyjama, sans maquillage, pas coiffé et dans les vapes à cause des médocs ? Mais je veux garder une bonne image de toi ! » répliqua le rouquin, non sans ironie.

« Quand vous en aurez fini avec les papouilles, on pourra y aller ? On se pelle les burnes ! » grogna Fred. Le bassiste était un grand noir bodybuildé au crâne rasé, ayant toujours tendance à se montrer grognon – Thomas, lui, n’était pas grognon mais sarcastique. Ce n’était pas pareil.

Parmi les Dark Night, tous s’étaient arrangés d’un commun accord pour accepter Andy tel qu’il était tout en gardant une certaine distance entre les autres et lui – surtout Franck, qui semblait avoir peur que l’homosexualité ne soit une maladie contagieuse.

Thomas lui s’en fichait pas mal. Les mauvaises langues diront que Thomas se fichait de tout, ce qui n’était absolument pas vrai. Du tout. Mais ce n’était pas comme si Andy n’avait pas déjà un mec dans sa vie, ni n’ignorait que Thomas était hétéro ; et Thomas savait bien que ce n’était pas parce qu’il était gay qu’Andy se jetait sur tout ce qui avait une paire de couilles.

Et s’il haïssait les contacts physiques, il devait bien avouer que ça ne le dérangeait pas que Andy soit si tactile. Il le connaissait depuis trop longtemps et était trop ami avec lui pour ça.

Thomas était sorti pendant longtemps avec la grande sœur du jeune homme, et ils étaient devenus amis alors que le roux avait quinze ans et Andy dix-sept, suite à un accident qu’avait eu Thomas.

D’un commun accord, tout le petit groupe rejoignit la salle de concert, où un groupe s’était déjà installé pour jouer.

« Ton copain n’est pas là ? » demanda Patrick, alors que tous s’asseyaient dans une loge pour vérifier une dernière fois si personne n’avait oublié l’ordre des chansons.

« Il devrait arriver un peu plus tard, il avait quelques trucs à régler, annonça Andy avec un grand sourire.

— Combien de temps il nous reste ? s’enquit Fred.

— Au moins trois heures, » déclara Patrick en regardant sa montre. « On a le temps de discuter de ça avec Tom… »

Thomas quitta l’examen attentif de son vernis noir écaillé. Lui parler de quoi ?


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Quand Chris poussa la porte, William remarqua immédiatement que la jeune femme frémissait d’excitation, et elle avait tellement voulu assister à ce concert que ça n’avait rien d’étonnant. William aurait bien aimé partager son bonheur, mais il ne connaissait vraiment rien au rock et n’était pas sûr d’apprécier… Mais ça ferait plaisir à son ami de le voir enfin, depuis le temps qu’ils n’arrivaient pas à se trouver un moment de libre pour se retrouver.

« Tu le rejoints où ? cria Chris pour se faire entendre par-dessus la musique.

— N’importe, il me trouvera facilement. On va au bar ? »

Elle acquiesça et ils s’installèrent sur les tabourets devant le comptoir pour boire un verre.

« Bill ! Il est comment, ton pote ? »

Le garçon sourit un bref instant et lui répondit de manière évasive.

« Très tape-à-l’œil, on peut le reconnaître de loin.

— Il est sympa ?

— Une perle.

— Mignon ?

— D’une certaine manière…

— Célibataire ?

— Plutôt branché testostérone…

— Hein ?

— Tiens, le voilà ! »

Une masse voyante slalomait entre les danseurs avec adresse, un sourire éclatant aux lèvres.

« Quelle horreur… » grogna Chris en comprenant enfin.

Le… garçon ? serra longuement William dans son bras avant de lui coller une bise sur chaque joue.

« Bunny, je suis tellement content de te voir ! Pardon pour mon retard, on essaie d’entraîner un pote dans notre chute. Et qui est cette beauté ? »

La grimace de Chris n’échappa pas à William, pas plus que son commentaire précédant ne lui avait échappé. Il avait bêtement pensé que, vu qu’elle était une fille, elle s’en ficherait un peu de rencontrer un garçon comme Andy. Une “folle” qui avait suffisamment de cran pour s’assumer entièrement tel qu’il était – et peut-être même un peu trop. Visiblement, il avait une fois de plus eu tort… sa naïveté le perdrait un jour.

« C’est Chris, ma coéquipière.

— Enchanté Chrissy, je suis Andy ! Le batteur des Dark Night, ils passeront tout à l’heure. »

La motarde ne manqua pas le plâtre, et le jeune homme sourit devant l’évidente question muette.

« Bien sûr que non je ne jouerai pas, Tommy chou me remplace ! »

Si Andy avait remarqué la distance que Chris avait mise entre elle et lui, il n’en laissait rien paraître. Andy avait cette capacité à ne jamais se démonter, quelle qu’en soit la raison… ou peut-être ne s’en rendait-il tout simplement pas compte ?

« Pardon, Willie chéri, je dois aller convaincre Tommy chou, je reviens vite ! »

William hocha la tête avec un sourire, puis reporta son attention sur Chris alors que le jeune homme s’éloignait.

« Comment t’as fait pour devenir pote avec ce… truc ? » grinça la jeune femme. William lui répondit avec le regard le plus noir qu’il pouvait lancer. N’y étant pas habitué, le résultat n’était jamais très concluant…

« Il est très gentil, si tu arrêtes de te fier à ta première impression tu le remarqueras bien assez tôt.

— Il est… homo ? »

Et moi donc… pensa l’adolescent

« Et alors ? se contenta-t-il de lancer.

— Comment tu l’as rencontré ? »

William s’agita un instant sur son tabouret, se demanda jusqu’où il pouvait raconter cette histoire.

« En boite. Il m’a dragué, j’étais pas intéressé, on est devenus amis, » résuma-t-il.

Et il n’avait pas besoin de préciser dans quelle boite c’était… Avouer à Chris qu’il avait été une fois dans une boite gay à Marseille, histoire de voir comment s’était, ne faisait pas partie de ses priorités dans la vie, et encore moins maintenant qu’il voyait sa réaction avec l’homosexualité d’Andy.

Bon, en même temps, Andy était très extraverti, et c’était le genre de garçon qu’on appréciait ou qu’on détestait.

« Tu n’as pas peur qu’il…

— Me saute dessus ? Essaie de me convertir ? Ça ne risque pas ! »

Et puis, comme si Andy était du genre à sauter sur les gens… heu, en fait oui il le faisait, mais dans cette optique !

Alors que l’adolescent adressait un signe de la main à son ami, qui revenait dans leur direction, Chris secoua la tête d’un air dégoûté.

« Écoute Bill, je te laisse avec ton pervers, j’ai envie de danser un peu. »

William acquiesça lentement, déçu, pendant que Chris allait s’amuser sur la piste.

« Ça va pas, Bunny ? » s’inquiéta Andy en revenant à côté de lui.

« Je crois qu’elle et moi, nous ne serons finalement pas amis en dehors du circuit… » annonça tristement William.

Andy lui tapota le dos, compatissant.

« T’en trouveras des mieux, » assura-t-il.


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« Titulaire ?

— On veut dire que tu serais un membre à part entière de Dark Night, » continua Patrick en souriant.

Fred, qui réglait les cordes de sa basse, ajouta d’une voix neutre : « on a commencé à composer nos propres morceaux depuis un moment, et faut avouer qu’ils sont pas mauvais.

— Un shoot, et j’peux écrire n’import’quoi ! » dit Franck, hilare pour quelques raisons connues de lui seul.

« Mais du coup, on a besoin de moi au clavier pour toutes les chansons, et il nous manquera un batteur, continua Andy.

— La batterie, c’est ton truc non ? Et pense un peu à toutes les filles que tu vas pouvoir te faire ! renchérit Patrick.

— Hum, le batteur c’est le type que tout le monde sait qu’il est là et que personne regarde, non ? Alors j’pense pas que ça marche… »

Andy trépigna sur place en regardant sa montre, puis s’excusa en quitta la pièce, prétendant aller voir un ami. Son petit ami, sans doute.

« Sûr, si tu veux que les filles te regardent, vaut mieux être chanteur ou guitariste, mais Franck et moi sommes minables à la batterie, et tu es minable au chant, donc…

— Trop aimable… »

Thomas chantait comme une casserole, mais était-il vraiment obligé de le lui rappeler ?

« On sait que tu bosses pas mal à la boutique, mais bon, les répètes, ça prend pas tout ton temps non plus, ajouta Fred de sa voix gutturale.

— Ouais, juste trois/quatre soirs par semaine… c’est si peu !

— On sait que t’as besoin d’argent, mais nous on a besoin de toi.

— Vous avez raison, un batteur c’est tellement dur à trouver quand on cherche pas…

— Mais c’toi qu’on veut, pas ‘mec qu’on connaît pas !

— C’est difficile de s’adapter à Franck, un nouveau mec tiendrait pas un mois.

— J’te merde, du con. »

Thomas et Patrick roulèrent des yeux d’un mouvement très synchrone, habitués aux échanges entre Fred et Franck.

« On peut s’arranger pour les répètes, dit Patrick, diplomate.

— Franchement, entre le bahut et la boutique, j’aurai pas le temps. »

Sans compter qu’il avait bien d’autres activités secrètes, mais ça il ne tenait pas à informer ses camarades…

« T’fais chier !

— Tu n’as pas le choix Tommy chou. »

Thomas regarda la porte claquer derrière un Andy légèrement perturbé.

« Ça va pas ? » demanda le rouquin. Non, non, il n’était pas inquiet. Juste curieux de savoir ce qui pouvait perturber Andy. Mais ce dernier chassa sa question d’un revers de la main, comme si elle n’avait pas la moindre importance.

« S’il te plaaaait, Tommy chou ! Fais ça pour nous et je te promets de te présenter tout plein de jolies filles!

— Non, merci.

— Bon, plein de jolis garçons alors ? »

Thomas répondit avec un regard qui en disait long sur son maque d’intérêt.

« Je vous donnerai ma réponse après le concert. »

Et alors Andy s’autorisa une petite danse du ventre de la victoire, pendant que Patrick et Fred se frappaient “discrètement” les poings. Ils croyaient avoir déjà gagné, ces cons…

Franck, lui, essayait sans doute de réfléchir au profond sens spirituel de ces paroles.

Ces types…

« Bon, je retourne voir Willie chéri ! » déclara Andy avec un entrain trop forcé aux yeux de Thomas.

Il s’approcha du jeune homme pendant que les autres membres du groupe discutaient chiffons et détachant miracle entre eux.

« Y’a un problème ? s’enquit-il doucement.

— Nan, c’est juste que Willie a ramené une copine homophobe, et je veux pas être méchant avec elle…

— C’est vrai que ça serait terrifiant, » ironisa Thomas.

Le blond lui sourit largement.

« Je vais faire peur à la demoiselle, casse-toi une jambe ! »

Et il quitta la pièce avec un dernier clin d’œil.


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S’il y avait bien une chose que William admirait chez Andy, autre que son attitude extravertie, c’était son éternel optimisme. Et son débit de paroles inhumain aussi, mais du coup ça ne faisait plus “une chose”. Enfin bref.

Un peu plus tôt, Chris était venue voir William pour lui dire qu’elle avait croisé un de ses amis et qu’elle rentrerait avec eux, de toute évidence la présence de William ne lui était plus indispensable… ou peut-être était-ce celle d’Andy qui lui était insupportable.

William était quelque peu mal à l’aise face à cette situation, c’était dans ces moments là qu’il réalisait que tout le monde n’était pas forcément ouvert d’esprit face aux gens “différents”. Mais il l’oubliait bien vite…

« Bonsoir à tous, nous sommes Dark Night ! lança alors un grand blond dans le micro.

— C’est eux, c’est eux ! YOUUUUUUH ! » hurla Andy en tapant sur sa cuisse de son bras valide comme s’il applaudissait.

Et William était certain que le groupe l’avait entendu malgré le brouhaha, car le blond lança un sourire dans sa direction.

« Moi c’est Patrick et voici Fred ! » le noir leva haut sa basse. « Franck ! » le brun fit grincer sa guitare. « Eeeet Thomas ! » De là où il était, William ne devina qu’une masse de cheveux roux cachée derrière la batterie alors que le garçon faisait son petit solo de quelques secondes.

Son solo se transforma alors en intro sur lequel Patrick commença à chanter.

« Il est doué, hein ? »

William quitta sa contemplation du groupe d’Andy pour l’interroger d’un regard.

« Thomas, le batteur. C’est un petit prodige de la musique, tu lui mets n’importe quel instrument entre les mains et il comprend immédiatement comment ça fonctionne. Il pourrait aller loin, s’il n’était pas si idiot.

— C’est vrai qu’il est doué, » hasarda le brun avec un sourire, bien qu’il n’y connaissait pas grand-chose, et Andy n’était pas dupe pour un sou.

« Toi, tu as un don pour les motos et la mécanique. Ça serait idiot de perdre ça pour faire un truc que t’aime pas, tu trouves pas ? »

William était bien d’accord avec ça, si seulement Andy savait…

« B’en lui, c’est exactement ce qu’il fait. Il perd son temps à traîner avec des crapules et à faire plein de conneries. Il sait pas que j’suis au courrant, mais Jess n’est pas ma sœur pour rien. Son ex, » précisa-t-il à l’interrogation silencieuse du motard, bien que ce ne fût pas l’explication qu’il attendait.

« Tu tiens à lui, pas vrai ?

— C’est pratiquement mon frère. Il a des soucis avec ses vieux, alors Jess et moi on voulait l’adopter passé un moment, ajouta-t-il avec un sourire.

— Et plus maintenant ?

— Bah, il va avoir vingt ans, ça serait un peu inutile. Puis il compte emménager à l’arrière de son magasin de musique. »

William reporta son attention sur le groupe qui se produisait, et tenta de voir le visage du batteur qui était si précieux à Andy, mais il était trop éloigné de la scène pour distinguer son visage. Il sentit alors sa poche vibrer, et en sortit son téléphone.

« Ton père veut te parler. Rentre immédiatement. »

C’était court, direct, et légèrement angoissant. Sa mère, Emilie Lecomte, avait toujours tendance à couvrir William quand il disait sortir, et qu’elle lui envoie ce genre de message ne pouvait signifier qu’une seule chose : elle n’avait pas réussi à cacher la vérité à son père.

Maintenant, quelle vérité ? Savait-il où il était ce soir ? Ou alors… où il était mardi dernier ?

« Qu’est-ce qui va pas, Bunny ?

— Les ennuis qui commencent… »


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« Faut se dépêcher, j’ai promis à Willie chéri de lui trouver un chauffeur ! Il est déjà parti au quai des taxis, faut que je le rattrape, » pressa Andy alors que les garçons se rassemblaient une dernière fois dans la loge avant de remballer les instruments pour quitter la boite. « Alors, Tommy chou, ta réponse ? »

Tranquillement installé sur une chaise, grattant le vernis de ses ongles, Thomas soupira faiblement.

« Chais pas…

— Bon, je voulais pas en arriver jusque là, mais… »

Andy vint s’agenouiller devant le rouquin et posa sa main sur le genou du garçon avant d’essayer de capter son regard.

« S’il te plait ! Ou je te fais mon regard de cute-puppie-eyes auquel tu ne résistes jamais, je le sais bien, ça fait cinq ans qu’on est amis ! »

Le blond avait décidément une manière bien à lui de menacer les gens…

« J’veux bien essayer, mais juste pour toi ! »

Un grand sourire satisfait fut sa seule réponse.

« Merci trésor ! Maintenant, j’ai plus qu’à trouver un chauffeur pour Willie chéri !

— Il va où ton mec ? intervint Fred.

— À côté de Marseille, légèrement à l’extérieur de la ville.

— Je ramène les instruments au studio, j’le dépose si tu veux. »

Cela sembla ravir Andy, qui dit à Thomas d’aller directement à l’appartement avant de se précipiter pour aller avertir son petit ami de la bonne nouvelle.

Thomas se leva de son siège et adressa un vague signe aux garçons.

« J’y vais, je vous laisse. »

Sans un regard en arrière, le roux quitta la loge et sortit de la boite. Il devait retrouver Andy et Jess chez le nouveau petit ami de cette dernière. Là, en petit comité, ils allaient fêter les vingt ans de Thomas.

En passant devant une ruelle, des éclats de voix attirèrent son attention. Curieux, Thomas jeta un rapide coup d’œil pour voir un garçon brun aux prises avec un groupe de petites crapes qui l’avait encerclé. Étrangement, il ne les connaissait pas, ce qui était rare vu toutes les connaissances qu’il s’était fait dans le “milieu”. Ce n’était donc que des gosses qui voulaient jouer dans la cours des grands. Les idiots.

L’un d’entre eux menaçait le garçon avec un couteau, et bien qu’ayant l’air terrifié le brun gardait une posture digne et droite de parfait petit prince. C’était précisément le genre que Thomas détestait, les gosses de riches qui pètent plus haut que leur cul.

Le petit prince leva le regard vers Thomas, et ce dernier fut incapable de savoir s’il l’avait remarqué ou non. Il recula rapidement pour se cacher dans l’ombre.

Tremblant, le brun finit par donner son porte-monnaie (en cuir) à ses agresseurs. Des gamins stupides, ils agissaient à visage découvert… Petite bande de quartier.

Il aurait suffit que Thomas s’approche pour que les gosses lui obéissent au doigt et à l’œil. Il savait comment s’y prendre, il savait quoi dire. Et le gosse de riche aurait alors pu fuir avec le peu d’honneur qui lui restait.

Mais Thomas n’en avait rien à foutre. Il ne le connaissait même pas. Alors il traça son chemin sans le moindre remord.


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Cinq heures du matin. Il était cinq heures du matin, et pourtant le salon de leur grande maison était encore allumé. Cela ne pouvait signifier qu’une seule chose : ses parents étaient encore debout à l’attendre. Ça n’allait pas être une partie de plaisir…

Il traversa rapidement le jardin de la propriété, sauta par dessus les trois escaliers du porche, et ouvrit la porte d’entrée qui n’était pas fermée à clef, sa main encore un peu tremblante de la peur qu’il avait eu plus tôt dans la nuit.

Soupirant, William jeta ses clefs sur le buffet du salon où ses parents l’attendaient. Comme si ça n’était pas suffisant de se faire agresser en pleine rue d’une ville censée être sûre, il devait affronter son géniteur…

Son père avait les mêmes yeux et cheveux noirs que son fils, la même peau mate, et pratiquement la même taille. Sévère, l’homme ne lâchait pas son fils du regard pendant que sa mère lui adressait un sourire compatissant.

« Où étais-tu ce soir ? commença monsieur Lecomte.

— À Aix, répondit William en toute franchise.

— À Aix, à boire de l’alcool et draguer des filles… »

William sourit à cette idée.

« Non, j’ai juste vu un vieil ami. »

Son père hocha la tête, perdu dans ses pensées.

« Et mardi ? J’ai entendu dire que tu n’avais pas cours cet après-midi là… »

William hésita un long moment, incapable de parler.

« J’ai… été voir des amis… »

Il était pitoyable pour mentir, voilà pourquoi il préférait les mensonges par omission… Son père, peu convaincu, approcha de la table basse du salon et y jeta un petit morceau de papier plastifié. Le cœur de William se serra en reconnaissant le double de sa fausse carte d’identité, qu’il utilisait pour les courses de moto. Apparemment, son père n’avait pas encore trouvé son faux permis moto…

« C’est marrant, j’ignorais jusqu’ici que tu étais né en 1985. Et j’ignorais aussi que tu te nommais Bill Jones. On a beau vivre dix-sept ans avec une personne, il est toujours surprenant de voir tout ce qu’on a encore à apprendre à son sujet…

— Papa…

— Tu étais avec ton oncle à Lédenon. »

Le brun tripota nerveusement ses doigts.

Son père se redressa pour arpenter silencieusement la pièce.

« Tu sais, on t’a toujours laissé libre de tes actes dans la mesure où tu ne nous cacherais rien. Mais tu trouves encore le moyen d’aller traîner avec Dieu sait qui ; et tu oses rejoindre ton oncle sur les circuits alors que tu sais à quel point cela est dangereux et que nous ne voulons pas que tu le fasses ; tu as des faux papiers qui te vieillissent de trois ans.

« Et tes amis que nous ne connaissons même pas… Sont-ils si peu fréquentables ?

— Non ! protesta vivement William.

— Ta mère et moi en sommes venus à une décision. Prends ça comme une expérience pour te rendre compte de la chance que tu as d’être avec nous ici, où tu ne manques de rien. Puisque tu t’intéresses tellement à la vie de… prolétaire, tu vas aller vivre chez ton si cher oncle pendant un temps indéterminé. Tu vivras dans sa maison, tu iras dans un lycée public. Et avec tout ça, tu verras à quel point tu es chanceux de nous avoir. Je sais que tu reviendras à la maison en ayant oublié tes fantaisies stupides d’adolescent. »

Eh bien ça promettait…

Et en plus de tout ça, il s’était fait voler tout son argent…


(à suivre dans le chapitre 03…)

Par Kalsang - Publié dans : Le Prince et le Pauvre
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Commentaires

Enchantée,
j'ai lu les trois premiers chapitres , et je tenais a le faire savoir ;).
J'ai préféré le lire ici en non-censuré, que sur Fictionpress =P
en attendant, je suis curieuse de voir comment ils viendront a s'apprécier ces deux là !
ou bien, que dis-je ? pourquoi devront nous attendre des sentiments ? le désir et la frustration pourront prendre un jour le dessus sans qu'ils, ne s'aiment, huhuhu !
*n'aime pas la guimauves*
commentaire n° :1 posté par : Cainael le: 26/08/2009 à 01h16
Salut !
C'est très gentil à toi d'avoir laissé une trace de ton passage =)
Tu n'aimes pas la guimauve ? Tout à fait entre nous, moi non plus, navré pour ceux qui voulaient que Thomas lance des "je t'aime mon amûûûûûûûûr" à William tous les deux paragraphes ! xD
réponse de : Kalsang le: 26/08/2009 à 23h40

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