Jeudi 15 janvier 4 15 /01 /Jan 11:56

Avec ce chapitre, je fais un gros bisou bisou à Ein, parce qu’elle est géniale et que j’espère qu’elle ne m’étripera pas si je lui fais une dédicace.
Mon chat t’envoie d’ailleurs de grosses léchouilles et te promet de continuer à m’embêter tant qu’elle le pourra.
Un petit mot également à C., parce que c’est une grosse pétasse.
Et à P., parce qu’il tombe toujours amoureux de connards et que je compatis grandement. On devrait se pacser, toi et moi.


Au crépuscule de l’humanité

By Kalsang



~ Chapitre 1 ~


 

 

« Kenji ! Je fais des heures supp’ au boulot, je rentrerai tard ce soir. Tu finis à quelle heure ?

— Huit heures.

— Zut… tu penses que tu pourras faire à manger ?

— Tu tiens à mourir ? Je commanderai une pizza… Tu seras là quand ?

— Vers dix/onze heures au plus tard… Va pour la pizza !

— À ce soir alors, soeurette… »

Écoutant d’une oreille distraite la réponse de ma sœur, je remontai la bretelle de mon sac à dos sur mon épaule et me dirigeai d’un pas traînant vers le panneau d’affichage.

« Sois prudent en rentrant, ok ?

— Ne t’inquiète pas, je suis déjà rentré seul, la nuit, tu sais.

— Mais quand même… »

Avais-je la tête de quelqu’un qui croit encore au grand méchant loup-garou, franchement ?

Marmonnant dans ma barbe, je pus enfin me consacrer pleinement au tableau d’affichage après avoir raccroché le téléphone. Zara était décidément une grande sœur trop collante…

Nous vivions ensemble depuis environ deux ans, quand nous avions quitté notre campagne natale pour venir nous perdre dans une grande ville où elle avait trouvé son travail, et moi une université.

Je n’aimais pas la ville, la nature me manquait. Ma famille vivait dans la campagne depuis que mes arrières grands parents avaient quitté la réserve de notre tribu pour s’installer en France.

Je soupirai profondément et cherchai des yeux le numéro de notre salle de classe, là où le cours avait été déplacé pour permettre à une élève de notre section d’y participer. Il faut dire que grimper les deux étages sans ascenseur des préfabriqués, quand on est en fauteuil roulant, ce n’est pas facile…

Aussi motivé qu’on pouvait l’être quand on avait le profond sentiment de perdre lamentablement son temps, je traînai des pieds à travers les long couloirs délabrés d’un marron jaunâtre affreusement repoussant. L’université, j’y étais venu motivé comme jamais, et à peine un an plus tard j’avais déjà envie d’abandonner. L’histoire n’est plus aussi intéressante quand on l’étudie quinze heures par semaine. Je songeais vaguement à me recycler à l’école vétérinaire, mais cela nous obligerait à changer de ville, et donc Zara devrait quitter son travail qu’elle avait si difficilement trouvé.

Ma sœur était à mes yeux une très jolie fille. Nous n’avions en commun que nos cheveux noirs et notre teint d’olive, elle était aussi féminine que moi j’étais un garçon tout débraillé. Elle voulait vivre en ville, je n’aspirais qu’à retourner dans ma campagne, à défaut de pouvoir retourner dans notre tribu d’origine. Une minorité ethnique qui m’appelait encore et encore, et chaque jour à l’université me rappelait que je n’y étais pas à ma place.

Je pénétrai enfin dans notre nouvelle salle de classe, et allai m’asseoir à une table située au centre tout en saluant au passage Kendra, la fille handicapée moteur et une de mes amis les plus proches. J’avais toujours admiré sa force et sa détermination, elle était vraiment magnifique avec ses yeux noirs en amande et ses longs cheveux soigneusement bouclés. Son teint foncé ne laissait aucun doute sur ses origines africaines. On peut dire que j’avais beaucoup de préjugés, mais je m’étais toujours senti plus proche des gens descendants d’une minorité persécutée que des Français blancs.

Ce fut avec un ennui mortel que je dessinais durant les deux heures du cours, pendant que le professeur déblatérait sur quelques évènements que j’étais censé connaître le jour des partiels et dont je me fichais royalement.

J’étais tellement perdu dans mon petit monde, que je fus véritablement surpris quand les autres étudiants se levèrent pour quitter la salle.

« Encore en train de rêver, Kenji ? » se moqua gentiment Kendra alors que je rangeais mes affaires à la va-vite dans mon sac.

« Pour changer un peu…

— Je te passerai des photocopies, si tu veux, » me proposa-t-elle. Je la laissai passer la porte, et j’acceptai son offre sans grand enthousiasme.

« Je vais probablement abandonner…

— Oh ? C’est dommage ! »

Elle se lança dans un grand débat sur le fait que, ayant déjà fait la moitié du chemin, je devrais passer ma licence avant de laisser tomber, mais ça serait perdre encore un an…

Nous nous dirigeâmes à l’extérieur du bâtiment pour aller aux labos de langue, passant par le parc de la fac pour aller plus vite.

« Et puis, tu ferais quoi ?

— Le concours d’entrée à l’école vétérinaire me tente bien…

— Ouaou ! C’est complètement différent de ce qu’on fait ici ! »

Tandis que nous parlions, une roue de son fauteuil se bloqua dans un trou entre deux pavés sur le chemin traversant le parc, et j’attendis patiemment qu’elle s’en dégage tout en continuant la discussion.

« Mais tu sais, depuis toujours c’est plutôt la nature qui m’intéresse… Je ne sais même pas pourquoi j’ai un jour voulu devenir prof d’histoire, ça me paraît stupide maintenant.

— Tu penseras peut-être la même chose une fois là-bas.

— Je verrai ça en temps voulu. Pour le moment, c’est même pas sûr en fait, je ne sais pas comment en parler à Zara, elle tient à sa vie ici.

— Attends, t’as vingt ans, tu peux partir seul quand même !

— Va dire ça à ma famille… » souris-je.

Nos parents nous avaient laissés quitter la maison familiale à la seule condition que Zara et moi restions ensemble. De tradition, nous étions proches de la famille, toutes les générations vivaient au même endroit dans notre campagne natale. Et chaque repas du soir se faisait avec enfants, parents et grands parents réunis autour de la même table.

La discussion entre Kendra et moi coupa court car nous arrivâmes enfin dans le bâtiment des salles de langue. Je tins galamment la porte à mon amie, qui me remercia d’un sourire, et nous nous séparâmes là car nous n’étions pas dans le même groupe. Je la regardai s’éloigner lentement, un peu déçu que la première lettre de nos noms de famille soient si éloignées l’une de l’autre – nous aurions pu être dans la même salle.

Avec un soupir, je traînai des pieds dans les escaliers avec une furieuse envie de tourner les talons et rentrer chez moi. Après tout, Zara n’étant pas à la maison, elle ne pourrait pas m’engueuler et n’en saurait même jamais rien… surtout que, à l’université, on n’envoie pas des lettres à papa-maman pour prévenir que fiston a séché l’école…

Plongé dans mes pensées, je ne ressentis pas immédiatement cette lourde présence pourtant si reconnaissable. Je ne ressentis pas non plus la première onde de choc. Ce fut en me faisant bousculer sans ménagement par un élève terrifié que je repris tout à coup contact avec la réalité.

La seconde onde fut bien plus violente, manquant de me faire tomber sur le sol, et je m’accrochai inconsciemment à mon sac comme s’il s’était agi d’une bouée, cherchant autour de moi comme si une réponse allait me sauter au visage.

« Les Démons ! » hurla une voix hystérique quelque part derrière moi.

Et ce jour là, le 15 février 2008, le Monde s’arrêta.


 

§§§


 

Quand je repense ce que j’étais à l’époque, je regrette beaucoup cette naïveté qui me caractérisait. Et en même temps, il ne me viendrait pas à l’idée de renier tout ce que j’ai vécu. J’ai tellement perdu, mes proches ont tellement perdu, que ça serait un trop grand manque de respect envers eux que d’oublier.

Pourtant, parfois, je repense avec nostalgie à ce passé, à la fois si proche et si lointain, qui a vu la fin de l’humanité tel que nous la connaissions. Et j’espère toujours qu’un jour, peut-être, nous pourrons retrouver notre vie insouciante.

Un jour.


 

À suivre !


 

BONUS


Kenji, notre héros


 

Kendra, son amie (vu qu’on peut pas changer la couleur de la peau sur eLouai, j’ai fait ça avec Yahoo! Avatar… et c’est moche, j’admets XD)

Par Kalsang - Publié dans : Au crépuscule de l'humanité
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